Les premiers hommes en Kreiz breizh

On a longtemps cru que les premiers hommes, au Paléolithique, avaient ignoré l’Armorique. Des découvertes récentes et les progrès de la science préhistorique ont apporté la preuve du contraire en particulier un inventaire archéologique minutieux mené pendant dix ans sur les terres centrales de Bretagne.

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Premières traces d’occupation humaine…

Les traces les plus anciennes attestant la présence de l’homme en Armorique au Paléolithique ont été mises au jour dans la vallée de la Vilaine, à Saint-Malo-de- Phily : des choppers et chopping tools, galets aux arêtes coupantes datant d’environ 700 000 ans avant notre ère.

Plus de 200 000 ans plus tard, on sait que l’habitat s’améliore : les hommes s’abritent désormais dans des grottes, essentiellement sur le littoral. C’est dans l’une de ces grottes, à Menez-Dregan en Plouhinec (29), qu’ont été découverts des ossements et des vestiges de foyers, datés de 465 000 ans environ. Plusieurs silex brûlés et les morceaux de charbon de bois retrouvés constituent l’un des témoignages les plus anciens de la domestication du feu. Progressivement, la population augmente. Les fouilles effectuées sur un site daté de 70 000 ans, au Mont-Dol, ont mis en évidence une organisation précise de l’espace habité : d’un côté le foyer, de l’autre les ateliers de dépeçage. Les hommes de Neandertal vivent en effet essentiellement de chasse. Des os de mammouths, rhinocéros, aurochs, ours, loups, chevaux entre autres ont été découverts sur le site. Les coquillages, ramassés sur les plages, complètent l’alimentation.

Au rocher de l’impératrice à Plougastel Daoulas (29) ce sont des plaquettes de schiste gravées datant de l’Azilien ancien qui ont été retrouvé. Remarquables par leurs diverses représentations graphiques, elles apportent une nouvelle lecture sur les techniques artistiques au niveau régional et européen pour cette époque. Vers 10 000 avant notre ère, le climat s’adoucit. Les steppes du Paléolithique laissent alors la place à une végétation moins hostile de bouleaux, de chênes et de noisetiers… C’est le début du Mésolithique, qui voit une amélioration de l’outillage. Les silex sont de plus en plus petits, on parle de « microlithes ». Désormais, les hommes fabriquent des harpons pour la pêche, les flèches pour la chasse au cerf. Peu à peu, ils gagnent l’intérieur des terres. Des vestiges datant de 7000 ans avant notre ère attestent de leur présence à Saint-Nicolas-du-Pélem (22). Tandis que du côté de Quiberon (56) le site de Beg er Vil nous en apprend davantage sur ces chasseurs cueilleurs maritimes.

Site de Menez Dregan – Illustration Lucie Rimaleau

La « révolution néolithique »

Vers 6000 avant notre ère, la mise au point d’une technique de polissage marque le début du nouvel âge de la pierre, le Néolithique. La présence de population au coeur de la Bretagne s’affirme alors : Saint-Thois (29), Berrien(29), Brasparts(29), Plussulien (22), Carhaix (29) en conservent aujourd’hui encore les vestiges… Deux phénomènes majeurs autorisent à parler de révolution pour la période Néolithique. D’une part, les hommes abandonnent alors la chasse et la cueillette pour se consacrer désormais à l’agriculture et à l’élevage. Le chien, la chèvre et le cheval sont domestiqués et l’analyse des pollens a démontré la présence de blé au Mont Saint-Michel-de-Brasparts vers 4300 avant notre ère. D’autre part, cet âge de la pierre polie est aussi celui des mégalithes, si nombreux encore aujourd’hui dans la région.

Très tôt, les hommes font preuve de gigantisme, en témoigne le cairn de Barnenez en Plouezoc’h (29), construit vers -4600 et qui abrite une douzaine de chambres funéraires et celui du Goassec’h à Carhaix mis au jour en 2019. Moins impressionnant peut-être mais tout aussi ancien est celui de Ty Floc’h en Saint-Thois.  Si leur signification demeure encore incertaine (sépultures, points de repère, lieu de rassemblement ?), ils laissent supposer une société bien organisée.

Site de Barnenez – Crédit photo Art’ChéoLab

Une « industrie » avant l’heure : les haches polies.

Les hommes n’ont eu de cesse de perfectionner leur outillage. De simples galets percutés du Paléolithique ancien, ils ont confectionné nombre d’outils en silex : racloirs et autres outils pour dépecer la viande, travailler les peaux. Au Mésolithique, ces outils se perfectionnent encore. Le Néolithique, enfin, voit l’avènement de la pierre polie. La mise au point de cette technique autorise un peuplement beaucoup plus homogène du territoire. Longtemps cantonné sur les côtes où il s’approvisionnait en silex, l’homme peut désormais s’en éloigner. Dès lors, les régions pauvres en silex exploitent de nouvelles roches, telle la métadolérite, roche volcanique à grain fin, de Plussulien. L’exploitation de la roche commence sans doute vers 4000 avant notre ère. Sur environ 1 km², les hommes, à l’aide de gros percuteurs, de pierres maniées à deux mains, extraient d’une gangue d’argile des blocs de roches saines dont ils font des haches polies. Au fil de l’exploitation du site, les techniques d’extraction s’améliorent. Vers 2600 avant notre ère, les hommes constatent en effet que chauffer la pierre la fragilise et en rend l’extraction plus facile. De grands brasiers sont alors allumés au pied du massif. Cet atelier, sur les 2000 ans que dura son exploitation, aurait produit de cinq à six millions de haches. Essentiellement réparties sur la péninsule. Exemple avec celles retrouvées à Kervignac (56), certaine de ces haches ont toutefois été retrouvées dans presque tout l’hexagone, jusqu’en Belgique et dans le sud de l’Angleterre. L’avènement du bronze puis du fer sonne pourtant le glas de cette production et l’exploitation du site cesse vers 2000 avant notre ère.

Aujourd’hui, avec les dernières recherches d’Yvan Pailler et Clément Nicolas présentant une analyse approfondie d’une dalle ornée mise au jour en 1900 par Paul Du Chatellier à Leuhan (29) représentant probablement la plus ancienne carte d’un territoire, nous pouvons affirmer que le bout du monde est loin d’être un lieu isolé, bien au contraire nous y retrouvons des techniques pratiquement unique en Europe de la domestication du feu, en passant par les connaissances artistiques, architecturales et géographiques. Tout commence en Finistère…

Haut de page – Site du Quelfennec – Crédit photo Art’ChéoLab

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